Le plan d’épargne retraite (PER) rencontre un franc succès auprès des épargnants. Avec l’ouverture de plusieurs centaines de milliers de contrats dans l’année qui a suivi son lancement et un rythme d’ouverture toujours soutenu. On dénombre davantage encore de souscriptions si l’on tient compte des transferts d’anciens contrats d’épargne retraite vers ce nouveau PER.
Le PER individuel se décline sous 2 formes : un PER assurantiel (assurance) et un PER bancaire (compte-titres). En pratique, le marché est largement dominé par les PER assurantiels, on trouve très peu de PER bancaires. Cet article revient en détail sur les différences entre ces 2 types de PER, leurs avantages et inconvénients respectifs en matière de supports accessibles, de fiscalité et de frais. Nous dressons également un état des lieux de l’offre de PER accessible aux épargnants.
SOMMAIRE
- Les différents types de PER
- Comparatif du PER assurantiel et bancaire (compte-titres)
- Les supports d’investissement accessibles
- Les frais
- La fiscalité à la succession
- Le marché des PER
Le PER fait désormais partie des placements les plus populaires pour investir son épargne et plus particulièrement pour préparer sa retraite. Rappelons ici que le PER est un produit tunnel jusqu’à la retraite (les retraits anticipés restent possibles en cas d’achat de sa résidence principale ou en cas de coup dur : fin de droit au chômage, faillite, invalidité, décès du conjoint, etc.) Il s’agit donc d’un dispositif d’épargne complémentaire à d’autres plus liquides (assurance vie, PEA, etc.).
L’objectif premier du PER est avant tout de se constituer un complément de revenus pour sa retraite. En pratique, il peut arriver que cette épargne ne soit pas consommée à la retraite, auquel cas le capital peut continuer de fructifier au sein du contrat et être transmis aux héritiers.
Il existe non pas un PER mais plusieurs types de PER. Un petit rappel s’impose.
Les différents types de PER
Il y a différents types de PER :
- PER individuel,
- PER d’entreprise collectif,
- PER d’entreprise obligatoire.
Le PER individuel remplace le PERP et le contrat Madelin (le contrat Madelin était réservé aux travailleurs non salariés). Le PER individuel est accessible à tous, ce qui n’est pas le cas du PER d’entreprise collectif et du PER d’entreprise obligatoire (les 2 dispositifs remplacent respectivement le PERCO et l’Article 83).
Dans un précédent article, nous avons présenté le fonctionnement PER individuel, ainsi qu’un comparatif des contrats les plus intéressants du marché.
Nous nous intéressons ici au cas du PER individuel (parfois nommé PERin pour expliciter le fait qu’il est question du PER individuel). Ce dispositif est accessible sous 2 formes :
- le PER assurantiel (PER assurance),
- le PER bancaire (aussi appelé PER compte-titres).
Une question s’impose aux épargnants : PER assurantiel ou PER bancaire, vers lequel faut-il se tourner ? Quels sont les avantages et les inconvénients de ces 2 sous-types de PER individuel ?
Comparatif du PER assurantiel et bancaire (compte-titres)
D’un point de vue technique, les PER assurantiels sont gérés par des assureurs (mais possiblement commercialisés par des banques, des courtiers, des fintech, etc.) Alors que les PER bancaires (ou PER compte-titres) ne sont pas gérés par un assureur mais par des gestionnaires d’actifs.
Le PER assurantiel et le PER bancaire diffèrent sur de multiples points :
- le choix des supports accessibles,
- la fiscalité sur les successions,
- les frais.
Tableau comparatif du PER assurantiel et bancaire
Le tableau comparatif présenté ci-dessous met en lumière les points communs et les différences entre PER assurantiel et PER bancaire.
PER assurance | PER bancaire | |
---|---|---|
Avantages fiscaux | 2 options au choix : • déduire les versements du revenu imposable dans l’objectif de diminuer son impôt sur le revenu, • ou profiter d’une fiscalité avantageuse à la sortie du PER. | |
Modalité de sorties | Rente viagère ou capital. | |
Fiscalité en cas de transmission/succession | Même régime que l’assurance vie si décès du souscripteur avant 70 ans. | Régime par défaut sur les successions. |
Supports accessibles | Ceux que l’on retrouve en assurance vie : fonds euro et supports en unités de compte (fonds actions, fonds diversifiés, fonds obligataires, supports immobiliers, etc.) | En théorie, on peut espérer retrouver l’ensemble des produits acessibles au sein d’un compte-titres classique. En pratique, l’offre de supports dépendra du PER. |
Les frais au moment de l’investissement | Frais sur versement (les meilleurs PER assurantiel sont sans frais sur versement). | Frais de courtage. |
Les frais applicables au cours de la vie du PER sur les encours/supports | Frais de gestion (0,50 % de frais de gestion sur les supports en unités de compte pour les meilleurs PER assurantiels). | Éventuellement des droits de garde |
Gestion libre | Oui | |
Gestion pilotée (déléguée) | Oui | |
Les meilleurs contrats PER | 🏆 Linxea Spirit PER 🥈 Evolution PER (Assurancevie.com) 🥉 PER Placement-direct | Yomoni PER |
Généralités pratiques sur le fonctionnement du PER assurantiel et bancaire
D’un point de vue pratique, le PER assurantiel se gère quelque peu comme une assurance vie. Près d’un ménage sur deux épargne en assurance vie. Le fonctionnement du PER assurantiel leur sera donc familier. Ce dispositif comporte un compartiment fonds euro et un compartiment en unités de compte(voir plus bas les supports d’investissement accessibles).
Si l’épargnant gère en direct son contrat (gestion libre), il peut décider lui-même de l’allocation des encours au sein de son PER. À tout moment, l’épargnant peut réaliser des arbitrages (ré-allouer le capital placé sur un support vers un autre support). Les arbitrages peuvent être réalisés depuis l’espace client sur le site internet de l’assureur (ou celui du courtier si l’interface le permet). Les arbitrages sont généralement réalisés en 24 à 48 h.
Si tout cela vous semble trop technique, rassurez-vous, il est possible de déléguer la gestion de son PER. C’est d’ailleurs le choix fait par la majorité des épargnants. Ils préfèrent déléguer la gestion de leur contrat par souci de simplicité. Cela évite de “mettre les mains dans le moteur” pour le dire de façon imagée.
Quant au PER bancaire, il se gère comme un compte-titres ordinaire (CTO). L’épargnant a donc la possibilité de passer des ordres de bourse en direct sur les marchés actions. En pratique, l’essentiel des épargnants préféreront là encore se tourner vers une gestion déléguée. Certains PER bancaires ne sont d’ailleurs disponibles qu’en gestion pilotée (c’est notamment le cas du PER Yomoni).
Gestion pilotée (gestion déléguée) : en quoi cela consiste ?
Comme nous l’avons dit, la plupart des épargnants optent pour une gestion pilotée. De cette façon, ils s’en remettent à l’expertise du gestionnaire pour prendre en charge la gestion de leur PER.
Le gestionnaire détermine l’allocation adaptée au profil de l’épargnant et prend en charge la gestion courante du PER tout au long de la vie du contrat. En sachant qu’il est possible de changer de profil d’allocation à tout moment.
Le profil d’allocation dépendra de l’âge de l’épargnant, et de ses objectifs financiers. L’aversion au risque ou au contraire l’appétence pour la performance (au prix d’une volatilité accrue) intervient également dans le choix du profil.
En pratique, le gestionnaire va sécuriser progressivement les investissements, à mesure que l’épargnant se rapproche de la retraite. C’est ce qu’on appelle la gestion pilotée à horizon.
Les supports d’investissement accessibles
Quelle allocation en PER ?
Avant d’aborder plus en détails les supports accessibles au sein du PER assurantiel et du PER bancaire, il convient d’expliquer les bonnes pratiques en matière d’allocation pour la gestion d’un PER.
En dehors des cas spécifiques de sortie anticipée, le PER est un produit tunnel : le capital versé sur le contrat est bloqué jusqu’au moment où l’épargnant fera valoir ses droits à la retraite. Pour bon nombre d’actifs, le PER est donc un dispositif d’épargne sur le long terme.
Dans une optique d’investissement à long terme, les classes d’actifs les plus adéquates pour dynamiser son épargne sont les actions et l’immobilier (tous supports confondus).
Puis, à mesure que l’épargnant s’approche du moment où il souhaite consommer l’épargne accumulée sur son PER (ce moment coïncide généralement avec l’entrée en retraite), il est nécessaire de sécuriser le capital pour bénéficier d’une meilleure visibilité sur l’épargne disponible.
En phase de constitution du patrimoine, il est opportuniste d’opter pour une allocation largement tournée vers les fonds actions et l’immobilier. Puis, en phase de consommation de l’épargne, à la retraite, opter pour un profil davantage sécurisé. Ce qui implique un arbitrage des placements les plus risqués (tels que les actions) en faveur de supports moins risqués (fonds euro notamment).
En pratique, la sécurisation du capital à l’approche de la retraite doit se faire de façon graduelle. La plupart des PER en gestion pilotée disposent justement d’un mécanisme de sécurisation progressive (sur plusieurs années) des encours à mesure que l’épargnant s’approche de l’âge de la retraite.
Une fois à la retraite, l’épargnant aura la possibilité de réaliser des retraits :
- sous forme de capital (retrait partiel ou total),
- ou sous forme de rente.
La pension de retraite étant généralement sensiblement inférieure au dernier salaire, le PER permettra de générer un complément de revenus opportun pour lisser dans le temps les ressources financières de l’épargnant.
Le PER assurantiel donne accès aux fonds euros
En matière de supports d’investissement, le PER assurantiel dispose d’un atout de choix vis-à-vis du PER bancaire. En effet, seul le PER assurantiel donne accès à un fonds euro. Et cela s’explique très simplement : les fonds euro sont directement gérés par les assureurs.
En quoi les fonds euros sont-ils si intéressants ?
Actuellement, les fonds euros constituent le placement sans risque le plus rémunérateur. Or, dans le cadre d’une allocation diversifiée, l’épargne cherchera généralement à investir une partie de son capital sur un support non volatil avec un faible risque de perte en capital. Les fonds euros répondent parfaitement à cet objectif puisque l’épargnant bénéficie d’une garantie sur le capital investi.
Par ailleurs, comme nous l’avons évoqué plus haut, l’épargnant cherchera généralement à sécuriser davantage son capital à l’approche de la retraite. L’accès à un support sans risque tel que le fonds euro devient donc un critère d’autant plus important.
Les performances des meilleurs fonds euros se situent autour de 1,50 à 2 %. Tandis que la performance moyenne des fonds euros est autour de 1 %.
Les PER bancaires (compte-titres) ne donnent pas accès aux fonds euros. De fait, les détenteurs du PER bancaire doivent se rabattre vers d’autres supports pour la poche sécurisée de leur capital. Ils ont accès à des fonds obligataires ou monétaires mais leurs performances sont proches de 0 % actuellement. Ces performances anémiques s’expliquent en raison du contexte macroéconomique particulier que nous traversons. Les politiques menées par les banques centrales depuis déjà de nombreuses années ont entraîné un effondrement des taux sans risque. Les fonds euros s’en sortent mieux car les assureurs disposent de titres obligataires anciens (plus rémunérateurs) et de réserves non distribuées dans lesquelles ils peuvent puiser pour lisser dans le temps la performance du fonds.
Le PER bancaire (compte-titres) permet d’investir en direct dans des milliers d’actions
Le PER bancaire est intéressant pour les investisseurs souhaitant investir en direct dans des actions cotées. À la manière d’un compte-titres, le PER bancaire permet de passer des ordres en temps réel sur les marchés actions, et ainsi accéder à des milliers de titres dans le monde.
C’est une très bonne nouvelle pour les investisseurs passionnés souhaitant se construire un portefeuille d’actions sur mesure. En pratique, cela ne concerne qu’une minorité d’épargnants, car il faut être très compétent pour réaliser une meilleure performance que les fonds.
La très grande majorité des épargnants a plutôt intérêt à investir en actions via des fonds d’investissement. Or, les meilleurs PER assurantiels donnent accès à un excellent choix de supports en unités de compte parmi lesquels ont trouve des fonds indiciels performants, ainsi que des fonds de gestion active.
Investir dans l’immobilier via un PER assurantiel ou bancaire
Le PER permet d’investir dans l’immobilier via des placements dits pierre-papier.
Le PER assurantiel permet de loger des SCPI, des OPCI, des SC/SCI et des fonds de foncières cotées. En pratique, pour accéder à ces supports, les épargnants devront être attentifs à la liste des supports immobiliers disponibles au sein du contrat. Le choix de supports immobiliers peut se révéler famélique sur les mauvais contrats. Nous vous renvoyons à notre comparatif de PER si vous souhaitez trouver un contrat avec une offre de supports immobiliers intéressante. Certains PER proposent jusqu’à une trentaine de SCPI tandis que d’autres n’en proposent aucune.
Les SCPI présentent l’avantage de servir des rémunérations relativement stables d’une année sur l’autre. C’est donc un placement intéressant pour se constituer un complément de revenu. Malheureusement, le PER bancaire ne permet pas de loger de SCPI. En revanche, les épargnants peuvent y détenir en direct des actions de foncières. Mais là encore, on recommandera plutôt aux épargnants d’investir via un fonds de foncières cotées bien diversifié plutôt que de se hasarder à la section de titres.
Les frais du PER
Les frais du PER ne sont pas de même nature selon qu’il s’agisse d’un PER assurantiel ou bancaire.
PER assurantiel
Les PER assurantiels peuvent supporter des frais sur versement et des frais d’arbitrage. Ces frais se présentent sous la forme d’un pourcentage prélevé sur la capital placé ou arbitré.
En pratique, les meilleurs PER sont sans frais sur versement et sans frais d’arbitrage. Si l’on vous propose un contrat PER prélevant de tels frais, vous avez intérêt à faire jouer la concurrence et vous tourner vers un autre contrat.
Les encours investis sur un PER assurantiel supportent des frais de gestion. Ces frais sont de l’ordre de 0,50-0,60 % pour les meilleurs PER (voir notre classement comparatif des PER) mais ils peuvent monter à près de 1 % sur les contrats les moins compétitifs.
PER bancaire
Les PER bancaires ne supportent pas de frais de gestion tels que ceux facturés par les assureurs pour les unités de compte logées au sein d’un PER assurantiel.
En revanche, des droits de garde peuvent s’appliquer. C’est notamment le cas pour le PER bancaire du Crédit Agricole (on en reparle plus bas).
Un PER bancaire en gestion libre avec un mode de fonctionnement s’apparentant à celui d’un compte-titres ne supporte en principe ni frais sur versement ni frais d’arbitrage. En revanche, des frais de courtage s’appliqueront à chaque passage d’ordre.
Dans le cadre d’un PER bancaire en gestion pilotée, les choses sont un peu différentes puisque c’est le gestionnaire qui gère le plan et passe les ordres. L’épargnant n’aura généralement pas de frais de courtage, mais des frais de gestion pilotée.
La fiscalité à la succession
Le PER assurantiel bénéficie du même cadre fiscal que l’assurance vie, mais seulement en cas de décès du souscripteur avant 70 ans. À savoir : un abattement de 152 500 euros par bénéficiaire sur le capital transmis via le PER.
Le PER bancaire ne bénéficie pas de cet avantage. La fiscalité applicable à la succession du PER bancaire est celle par défaut sur les héritages.
Le marché du PER
Nous avons vu les spécificités du PER assurantiel et bancaire en termes de supports d’investissement, de frais, et de fiscalité. Chacun des 2 sous-types de PER a ses inconvénients et ses avantages. Mais alors, vers quel PER s’orienter ?
Pour répondre à cette question, il convient de faire un tour d’horizon du marché et de se pencher plus en détail sur les caractéristiques des PER commercialisés.
Tout d’abord, comme nous l’indiquions en introduction, l’offre de PER est largement dominée par les PER assurantiels. Une très large majorité, pour ne pas dire la quasi-totalité des PER commercialisés sont des PER assurantiels.
À notre connaissance, il n’y a que 2 PER bancaires (comptes-titres) sur le marché :
- le PER Yomoni,
- et le PER compte-titres du Crédit Agricole.
Le PER Yomoni n’est disponible qu’en gestion pilotée (lire notre avis sur le PER Yomoni). C’est un PER relativement intéressant pour les épargnants souhaitant une allocation dynamique. Yomoni propose ici un plan d’épargne retraite avec des frais de gestion faibles et une allocation reposant sur des supports d’investissement intéressants, puisque la société privilégie les fonds indiciels (des fonds performants et avec des frais très réduits).
Toutefois, rappelons que le PER Yomoni, en qualité de PER bancaire, ne dispose pas de fonds euros ni de fonds immobilier (SCPI / SCI / OPCI). De fait, les épargnants souhaitant privilégier une allocation sécurisée de l’épargne (par exemple pour sécuriser plus de la moitié des encours s’ils sont à l’approche de la retraite) ou l’investissement immobilier seront déçus. La poche sécurisée de ce PER est allouée sur des fonds très peu rémunérateurs.
Le PER bancaire du Crédit Agricole est à notre connaissance le seul PER bancaire accessible en gestion libre. Malheureusement, comme c’est souvent le cas avec les banques traditionnelles, le Crédit Agricole ne fait pas d’effort sur les tarifs, ce PER comporte de nombreux frais qui viennent anéantir tout intérêt. Dans notre avis sur le PER compte-titres du Crédit Agricole, nous déplorons des droits de garde et des frais de passage d’ordre excessifs.
Tout compte fait, ce sont finalement les PER assurantiels qui proposent l’offre la plus convaincante. Notre recommandation est donc de privilégier un bon PER au format assurantiel.
Les meilleurs PER assurantiels (voir notre comparatif de PER) combinent les avantages suivants :
- l’accès à des supports en unités de compte performants : fonds indiciels (type ETF) ainsi que des supports immobiliers tels que des SCPI,
- l’accès au fonds euro, un support sécurisé délivrant des performances supérieures à 1 % (intéressant pour les épargnants avec un profil d’allocation sécurisé),
- l’absence de frais sur versement et de frais d’arbitrage,
- des frais de gestion en unités de compte réduits (0,50 à 0,60 %),
- la possibilité d’opter pour une gestion libre ou pilotée.